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L'art du roman Details
«Le monde des théories n'est pas le mien. Ces réflexions sont celles d'un praticien. L'œuvre de chaque romancier contient une vision implicite de l'histoire du roman, une idée de ce qu'est le roman. C'est cette idée du roman, inhérente à mes romans, que j'ai fait parler.» Milan Kundera.

Reviews
« Découvrir ce que seul un roman peut découvrir, c??est la seule raison d??être d??un roman. Le roman qui ne découvre pas une portion jusqu??alors inconnue de l??existence est immoral. La connaissance est la seule morale du roman. » C??est ainsi que Kundera définit le roman dans cet essai en sept parties - la plupart de ses romans sont en sept parties, et ce nombre fétiche a pour lui une signification musicale, un peu comme ce que le nombre d??or est à l??art plastique.Ce but que poursuit le roman ne doit pas se confondre pas avec celui de la philosophie. Là où le philosophe affirme ses certitudes, le romancier explore, médite ; il ne doit pas illustrer par personnages interposés des principes idéologiques ou des idées philosophiques; il s??interroge plus qu??il n??affirme, et ce, grâce au discours digressif de la variation et de la polyphonie (on relève là encore l??influence de l??érudition musicale de l??auteur) qui permet d??éviter l??univocité et rend vaine toute certitude, de mêler la complexité aux paradoxes en suggérant, non pas une vérité, mais des vérités relatives. L??esprit du roman est donc inconciliable avec l??épanchement subjectif qui relève d??une vision unifocale, il est incompatible avec ce qu??il appelle le kitsch totalitaire, cette « attitude de celui qui veut plaire à tout prix et au plus grand nombre, qui confirme ce que tout le monde veut entendre, qui est au service des idées reçues ». Le kitsch, il le décèle dans le romantisme du XIXème siècle, dont le lyrisme est le principal instigateur du réalisme socialiste qui lui fait horreur.Pour Kundera, les sources du roman remontent à Cervantès et Rabelais, passe par Flaubert, Balzac, Tolstoï jusqu'à Proust, Joyce, Kafka, Musil, Broch, Gombrowicz, ses ramifications s??étendant en Amérique avec Faulkner, Hemingway, Fuentes, Marcia-Marquès.Curieusement, il ne cite ni Potocki, ni Henry Adams, ni le réalisme magique de Salman Rushdie ou le postmodernisme qui, à certains égards, ont une démarche assez semblable à la sienne. Sans doute a ??t-il estimé que ceux-ci ont rompu avec le passé et appartiennent à l??anti-roman, alors que pour lui, le roman moderne devrait être conçu comme un archi-roman, c??est-à-dire renouer avec le passé en faisant revivre toutes les possibilités négligées et oubliées que l??art du roman a accumulées pendant ses quatre siècles d??histoire..Cette conception du roman, il l??a exposé à maintes reprises dans deux autres essais, « Les testaments trahis » et « Une rencontre. » Quand il s??étend longuement sur Kafka et Broch, on a envie de relire ces auteurs. On a même envie de se lancer dans l??écriture. Mais on s??aperçoit qu??il est difficile de résister à la tentation de l??épanchement égotiste qu??il condamne et qu??à l??aune ses critères très sélectifs, 90% de la production littéraire contemporaine serait à mettre au pilon.


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